Invitation à déjeuner

Le temps libéré par sa fin de mission au Comité de l'intérieur permettait désormais à Tod d'organiser son emploi du temps différemment. Certes, il lui restait encore une mission à remplir pour le compte du Comité, mais celle-ci restait gérable. Il pouvait donc organiser des choses qu'il ne pouvait pas faire jusqu'ici. Il décida donc d'envoyer une petite invitation à déjeuner au célèbre Dauphin-Rieur à l'attention de Marc. Cette invitation, que Tod voulait totalement à caractère privé, devait permettre aux deux hommes de mieux faire connaissance. Leurs activités respectives ne leur avaient pas permis jusqu'ici de converser davantage, sauf dans des circonstances peu propices à ce genre d'objectif. Tod attendait une réponse de l'ambassadeur pour réserver au Bar-Restaurant.

La réponse de l'ambassadeur ne tarde pas : Marc accaparé par ses activités ne pouvait pas répondre favorablement dans l'immédiat à cette invitation. Mais ce n'était que partie remise. Tod attendrait que l'agenda de Marc s'allège pour pouvoir partager un moment avec lui. Néanmoins, le fantispais eut l'idée d'inviter une autre personne avec qui il n'avait guère le temps de converser. Mais qui choisir ? Julio ? Depuis son retour à la tête du gouvernement, celui-ci avait peut être d'autres choses à s'occuper. Et puis, si un tel rendez-vous venait à se savoir, les spéculations pourraient pleuvoir ("Ruffin cherche à revenir au gouvernement" ou "Le RPR tente d'influencer le PCF"...). Non. Pas possible dans l'immédiat. Victoria ? Aussi au gouvernement. Mais peut être moins occupée. Pour la remercier de sa confiance, cela serait une bonne idée. Margaux ? Toute nouvelle et qu'il ne connaissait pas. Très discrète. Pourquoi pas ? Gontran ? Après tout, Tod rentrait dans le groupe de Max. Autant mieux faire connaissance de cet homme à tout faire. Guillaume, l'intendant de la maison princière ? Refuserait probablement.

Tod hésita quelques secondes. Puis choisit d'envoyer un petit mot à Margaux Anéris.

Citation :

Margaux,
Afin de faire un peu connaissance, je te propose un déjeuner au Dauphin-Rieur.
Es-tu dispo ?
Tod

La loi des séries ? Margaux ne semblait pas disponible actuellement. Quoi faire ? Renoncer ? Inviter une troisième personne ? Ne voulant pas baisser les bras, Tod décida de tenter d'abattre une dernière fois sa carte "Invitation". Alors qui ? Julio ? Victoria ? Gontran ? Ou Max tout naturellement ? Ou Hisson beaucoup moins naturellement, mais pour tenter d'enterrer la hache de guerre ?

Il jeta son dévolu sur Gontran. Trop peu connu et trop discret, Tod l'invita à un déjeuner.

"Cher Monsieur Gontran. Ayant en commun d'avoir le même patron, je vous propose de partager un déjeuner au Dauphin-Rieur que vous connaissez bien. Tod Ruffin"

Avachi à son bureau, Gontran préparait la semaine qui arrivait, en début de soirée un pli arriva :

Tod ruffin a écrit:

"Cher Monsieur Gontran. Ayant en commun d'avoir le même patron, je vous propose de partager un déjeuner au Dauphin-Rieur que vous connaissez bien. Tod Ruffin"

Tiens, que me veut-il ? Gontran fut surpris, généralement on lui confiait les basses besognes, et être invité par une personnalité politique de premier plan n'était pas dans ses habitudes. D'un autre coté en tant que Directeur Général de la MM-Corporation, peut-être que les postes de direction qu'occupaient les deux hommes étaient la raison de cette invitation. "O diable les soupçons" pensa t-il, l'idée était bonne.

Il envoya un message de confirmation à Tod et se dirigea au Dauphin Rieur pour le rejoindre. Il ne le connaissait essentiellement que par la presse et la télévision, c'était une première.
Arrivé au Dauphin Rieur, on lui indique une table il s'assit.

"Votre invité est arrivé" avait-on indiqué à Tod. "Parfait" avait-il répondu plus à lui-même qu'au serveur. Ni Marc, ni Margaux, mais Gontran, celui des trois qu'il connaissait peut être le moins. Et justement, ce repas était là pour réparer cela. Gontran, plus ou moins "collègue" de travail en quelque sorte, ne devait pas ou plus représenter un tel mystère à ses yeux. Il le rejoignit donc à la table réservée et se présenta :

- Gontran ? Tod Ruffin. Je suis heureux de pouvoir vous rencontrer, dit-il d'un ton qu'il voulait chaleureux en lui tendant la main. Je vous remercie d'avoir accepté ce petit repas privé. J'ai commandé deux repas des champions. Il n'y avait pas vraiment trop de choix à vrai dire. Mais vous connaissez bien les lieux.

Tod prit place en dépliant négligemment sa serviette. Puis, il décida d'entrer dans le vif du sujet :

- Comment avez-vous été amené à travailler pour Max ?

-Bonjour monsieur Ruffin, le plaisir est partagé. Effectivement, monsieur Morton doit travailler sa carte, il ne souhaite pas déléguer cette tache et donc en attendant il faut ce contenter de ce vieux menu, j'en suis désolé. mais ne vous en faites pas, quand il en aura marre il m'appellera pour que je m'en charage (dit-il avec ironie)

Gontran devant son interlocuteur visiblement à l'aise et chaleureux, décida de faire le service de la bouteille de Cote du Golfe que le serveur avait apporté.
- J'ai connu monsieur Morton il y a plusieurs années 7,8 ou 9 ou peut-être 10, je ne sais plus. J'avais répondu à une offre d'emploi de journaliste. Le journal en question était "Le nouveau démocrate fantispais", créé par Achille Zavapa et Max Morton, un petit canard à la solde du MPD. Les ambitions étaient modestes, c'était surtout une vitrine plus qu'autre chose, mais j'ai pu interviewé des gens un poil moins pouilleux que le commun des mortels. Ensuite de fil en aiguille j'ai intégré son équipe politique et je l'ai suivi, dans les postes les plus minables comme son cabinet quand il était gouverneur de Tindali, j'ai été aussi longtemps stagiaire à La Gazette De Kaora. J'aurais aimé vous avoir comme boss, ma période de stage aurait été moins longue.
Enfin voila en gros l'histoire jusqu'au aujourd'hui ou je suis l'homme à tout faire du groupe, j'ai été débarqué du secrétariat général de la présidence lors de son dernier mandat pour venir m'occuper de ses petites affaires ici, je suis un poil trop bon c'est moi qui vous le dit, ne laissez pas vous charger d'ailleurs, petit conseil entre employé.

Et vous vous le connaissez depuis Prya, il me semble. Votre prise de direction se passe bien ?

Au fait je vous vous sert un verre de ce petit Cote du Golfe ?

- Ecoutez, je vais le tenter ce Cote du Golfe. Je ne le connais pas. Où est-il produit ? Dans le sud du pays ?

Tod se laissa servir, mais reprit le cours de la conversation.

- 10 ans ? Mazette ! Journaliste, homme de cabinet, entrepreneur, cuistot... Vous avez plusieurs cordes à votre arc. N'avez-vous jamais songé à l'émancipation ? Cela dit, les stages nourrissent mal. Mais ne soyez pas si dur avec Max... enfin Monsieur Morton. Il est profondément humain et est un touche à tout. En cela, vous vous ressemblez. Il a beaucoup de responsabilités, beaucoup de pressions qui annihilent ses efforts de considération.

Tod s'interrompit, un air interrogatif se coucha sur son visage, il souleva une main et d'une voix plus discrète dit :

- Je me demande si l'établissement sert des chips aux algues !?

Puis, il reprit :

- Je me rends compte que j'aurai dû me rapprocher de vous il y a quelques années, lorsque j'étais à la Gazette... Oui, vous étiez au cœur du pouvoir à cette époque... vous deviez en savoir des choses, souligna-t-il malicieusement. Puis, il reprit plus sérieusement. Vous savez, embaucher dans le monde médiatique, c'est bien souvent impossible tant les entrées financières sont maigres.

L'ex Ministre testa le fameux Cote du Golfe. Pas connaisseur, il s'abstint de prononcer.

- Oui, j'ai rencontré Max à Prya et je me souviens très bien de la première fois pour laquelle je l'ai entendu. A Zantavia, durant un meeting sur le port. C'est la première fois que nous sommes amenés à travailler ensemble d'un point de vue purement économique. Pour tout vous dire, j'ai perdu la main, être un bâtisseur, j'ai un peu réussi à l'être... mais aujourd'hui.... Je n'ai pas osé l'avouer aussi clairement à Max.

- Quelles sont vos fonctions actuelles ? Vous possédez aussi la double nationalité ?

-Oui en effet, c'est un vin de Tispana, les Tispanais aiment à dire que ses cépages auraient plus de 900 ans, c'est une spécialité dirons nous, un petit vin de table qui passe bien, malheureusement pas de chips, mais c'est une idée il faudra développer nos apéros.

Gontran but une gorgée puis reprit.

-L'émancipation, oh je ne sais pas, la situation est instable mais on fait des choses différentes, cela dit maintenant que le boss n'a plus de fonction politique cela pourrait être intéressant, mais mes activités du moment me prennent du temps. Bien que je touche à tout, la gestion du Dauphin Rieur notamment, je suis journaliste à LGDK et Directeur Général de la MM-Corporation, je m'occupe des dossiers au jour le jour et je m'assure du suivi des décisions prises.
Ne vous en faites pas, le boss est un amateur dans le domaine, le groupe n'a été bénéficiaire qu'au bout de 5 mois et encore maintenant monsieur Morton garde la moitié de ses bénéfices pour une raison encore inconnue. Je m'attendais à al construction d'une filiale à l'étranger pour outrepasser le seuil des 80%, mais non. Nous verrons bien. Et oui j'ai la double nationalité, même si désormais à part la Gazette je passe l'essentiel de mon temps ici.

-Et vous, le monde médiatique ne vous manque pas ? Vous devriez y songer, le MPD avait créé le Nouveau Démocrate Fantispais pour être une vitrine, à l'époque tous les journaux du pays étaient possédés par les deux forces politiques. L'idée n'est pas de refaire ce que vous faisiez à la Gazette, mais de vous donner une visibilité supplémentaire avec quelques brèves et articles engagés. Le nouveau démocrate était grossier, mais il avait le mérite de rendre visible une dynamique.

- Décidément les Tispanais en connaissent un rayon en alcool ; entre la Spéciale de Tétaou et ce Cote du Golfe... Vous m'aurez initié. Pis, l'absence de chips n'est pas si grave. Voyez-vous, si ma femme apprend que vous en proposez, elle serait capable de m'interdire l'accès à ce lieu. Et personnellement, j'aime plutôt cet endroit surtout depuis que Max y a fait un peu le "ménage".

Armé de sa fourchette, Tod s'attaqua à son plat avec gourmandise.

- Max ? Retiré de la politique ? demanda avec amusement Tod. Max est un amoureux de la chose publique, il y a baigné tant de temps, vous êtes bien placé pour le savoir. C'est plus fort que lui, c'est un peu comme ce syndrome, vous savez, Léon de la Mourette : il se retient, mais son corps, son esprit ne lui obéissent pas. Et paf ! Il se retrouve Ministre ou Président ou tout simplement député. Enfin bon, vous avez tellement de responsabilités actuellement qu'il est effectivement difficile pour vous de penser à autre chose.

Une nouvelle offensive sur son assiette permit à Tod de laisser planer un temps.

- Pour un "amateur", il se débrouille pas mal, non ? Il doit être probablement le deuxième homme le plus riche du pays... Je voudrais bien être aussi nul que lui.

Le dernier assaut de la fourchette permit de venir à bout de sa faim.

- Le monde médiatique et la vie politique sont tellement différents. Si j'ai réussi à obtenir un très petit succès dans le premier, j'ai l'impression que mon expérience dans le second est bien médiocre. De toute manière, ce temps-là n'est qu'une parenthèse. Je commence déjà à réfléchir à l'après. D'autant plus que l'alternance semble difficile à atteindre. Quoiqu'il en soit, je reste totalement opposé aux pseudo-journaux qui servent les intérêts d'un parti, d'un camp. Je sais que cela arrive souvent et c'est bien regrettable. Ce n'est pas l'idée que je me fais du journalisme. Je suis probablement trop idéaliste. Néanmoins, je pense qu'on peut être visible autrement. Avez-vous de la famille Gontran ? Oh, savez-vous ce que nous allons avoir en dessert ?

-M'oui enfin l'offre mérite d'être formaliser correctement, l'endroit pourra redevenir acceptable ensuite, un véritable restaurant gastronomique !

"L'après ?" Mais vous êtes dingue ! Vous êtes la seule voie "démocratique du pays, le MPD est encore dans les choux et même s'il ne l'était pas, pourquoi ne pas tenter une coalition démocratique ? Regardez le nombre de fois ou le PCF et le MPD ont gagné les élections. Depuis l'unification des deux royaumes, il n'y a eu que deux élections sur 10 ou le Premier Ministre ne fut pas PCF. Alors c'est sur y'a du chemin, mais ne jetez pas l'éponge trop tôt Tod, Fantispa est un état conservateur. Par ailleurs, les résultats dans les urnes ne sont pas si nets pour le PCF, avec une alliance et un MPD qui se bouge la donne aurait pu être différente.
Bref la politique, de ce que j'en ai vu, faut persévérer, ça paie toujours. Enfin sauf pour les larbins et les hommes de l'ombre comme moi et votre ami, Mr Hisson.

C'est un bon exemple il persévère lui. il sera peut-être un de nos futurs premiers ministres aussi qui sait.

Finissant sa dernière bouchée, Gontran reprit :

-Le dessert ? On va encore nous servir le même, on prendra un digestif après, moi je ne peux plus l'encadrer ce dessert. il s'appelle le délice Moganda. C'est un gâteau a la banane moelleux fourré de crevettes du Mazambala, enfin anciennement du Mazambala et recouvert d'une purée banane/crevette. C'est spécial.. Un héritage de l'annexion du Mazambala. On aurait pu s'en passer croyez moi. Si vous voulez mon avis, ce truc était un instrument de torture de Moganda et on le ressort dans un restaurant, on crois rêver. Sinon, non pas de famille malheureusement, je dois probablement suivre la mauvaise influence de mon patron, Merci à Olloh, je n'ai pas sa mère par contre.

- Il n'en reste pas moins que l'endroit est le plus réputé du pays. On le doit aussi grâce à vous Gonran. Si, si.

Le coup de feu était passé. Le calme revenait dans la salle. Les serveurs se détendaient et se faisaient moins présents.

- Croyez bien que nous nous y sommes employés à une alliance avec le MPD. Et nous y étions !!! Je ne devrais peut être pas vous le dire, vous qui bossez à la Gazette. Ma directrice de cabinet ne serait pas contente. Mais voilà, le MPD s'est soudainement assoupi. Et au pire des moments. Juste avant les élections. Cependant, même avec une telle alliance, le PCF aurait remporté la mise. Pas une majorité absolue, mais ils auraient été au pouvoir. Il est vrai que notre refus de rester dans une union nationale aurait posé un problème au PCF. Mais un problème mineur. Je ne dis pas que je vais jeter l'éponge dans l'immédiat. Toutefois, je prépare "l'après" effectivement. Un après à plus ou moins moyen terme.

A l'évocation d'un Hisson au poste de Premier Ministre, Tod avala de travers une bouchée de son plat.

- Hisson ? Les monarchistes ? Pour le coup, ça serait la fin de la démocratie. Il n'empêche qu'ils ont de la suite dans les idées, ils ont bien failli réussir à interdire le RPR tel qu'il existe. Et leurs résultats électoraux deviennent inquiétants. S'ils devaient arriver au pouvoir, cela serait une catastrophe. Si Hisson persévère, c'est parce que son seul but dans la vie est ma chute, ma déchéance.

- Le délice Moganda ? Crevettes-bananes ? Tout un programme, une poésie de saveurs... Je ne connais pas, je me laisserai donc tenter... Espérons que mon estomac ne m'en tienne pas rigueur... Le Mazambala, voilà une région qui m'est totalement inconnue.

-Je vous remercie, vous êtes très aimable.
Regrettable pour cette élection, mais il y en aura d'autres et votre présence au parlement vous permet une belle visibilité. par ailleurs, malgré les têtes qui émergent dans votre parti, enfin d'après ce que j'ai pu suivre, vous restez le leader le plus crédible pour assurer une alternance, car il devra y en avoir une, presque un an avec des élus PCF à la tête de l'état, cela fait beaucoup, il n'est jamais mauvais d'avoir un peu de changement.
effectivement monsieur Hisson ne serait pas le plus grand des changements en y repensant, cependant vous l'aviez fou.. à la porte si j'ai bien compris, ahem.. disons qu'en tant que seconde main, j'ai de la sympathie pour le bonhomme, et il a remporté la Superleague !

Le dessert arriva, Gontran grommela quelque chose d'inaudible quand le serveur apporta les assiettes et deux petits verres de liqueur.

-Voila, enfin la chose...passons, c'est qu'un mauvais moment à passer. Cette association des crevettes et des bananes est infame, je n'ai jamais compris pourquoi les Mazambalais en mettaient partout. Vous ne perdez rien à ne pas connaître, le pays a été ravagé par un cataclysme nucléaire déclenché par Moganda, la principauté avait organisé une mission de secours avant d'en faire une province autonome.
Mais officiellement d'après ce que j'ai compris les colonies sont en "auto-gestion", il en est sûrement de même du Mazambala. Mais c'est un sujet d'actualité houleux d'après le mot d'ordre de votre parti que j'ai vu avant de venir.

Gontran avala une bouchée, il se demandait pourquoi il n'avait pas simplement demander une banane.

- Il est vrai que ma présence à la tête du Parlement me donne un poids politique qui est une pierre dans la chaussure de mes concurrents dans mon propre parti. Cependant, cette position, je la dois aux conservateurs… Mes adversaires s’évertuent à bien le rappeler. Il y aura d’uatres combats politiques. Je ne suis pas encore sur la pente du retrait… Pas encore. Vos propos sont réconfortants. Quant à votre sympathie envers Hisson, j’arrive à la comprendre. Je n’ai pas pris de gant avec le bonhomme. Et puis, il faut reconnaitre qu’il a eu une certaine réussite en superleague et en scanthir.

Son assiette de dessert trônant devant lui, Tod reniflait en tournant la tête de gauche à droite.

- Vous sentez cette odeur ? On dirait que ça sent les pieds qui auraient de la viande pourrie entre les doigts de pied, non ? Mais… snif, snif… c’est ce « fameux » dessert !? Comment s’appelle-t-il déjà ? Le « délice » Moganda ? La première approche demande de l’imagination pour associer ce mot à ce dessert. Ca me fait un peu penser à le virtuose à l’ananas flambée, une entrée qui mêle pâté de foie, épices et purée d’ananas flambée, accompagnés de lard… Une merveille comme vous l’imaginez, ironisa Tod.

- Oh oui, je me souviens, le cataclysme nucléaire… Effectivement, le sujet des colonies est un sujet brûlant. J’espère bien pouvoir réunir beaucoup de monde derrière ce combat et influer sur la politique gouvernementale. Mais, le colonialisme est fortement ancré dans les mœurs. Ce n’est pas l’existence de la Grande Alliance qui arrange les choses.

Une cuillerée du dessert laissa songer au politicien qu’il avait porté un jugement un peu hâtif sur ce dessert. Une seconde lui fit retrouvée la seconde. Une impression d’ecoeurement lui tiraillait l’estomac et le cœur. Il mangeait lentement et avec hésitation. Son envie de ne pas finir le plat lui traversa l’esprit, mais le gaspillage le dégoûta davantage.

- A propos, avez-vous votre B.A.C. ? C’est un ticket indispensable pour intégrer l’administration.

-Cette odeur ne m'en parlez pas ! Avec la corbeille de fruit, c'est l'un des rares desserts que nous servons, voila l'une des raisons pour lesquelles les gens venaient se gaver à l'apéro, ils se préparaient pour le dessert.
Quand on porte cette chose à la bouge, en effet on ne peut que être contre le colonialisme, je vous le confirme ! Mais à Fantispa, vous allez avoir du boulot, bon courage, les colonies ont souvent une une grande importance, à défaut de conquérir nos voisins c'est toujours ça de pris.

Voyant Tod en difficulté avec son dessert, Gontran proposa :

-Si vous le souhaitez passons à la liqueur, il nous faut nous désinfecter la bouche, ne vous en faites pas les serveurs ont l'habitude de jeter ce... dessert.
Sinon non pas de BAC, toujours pareil, pas le temps à vrai dire, mais maintenant que Morton est à l'université, il y a peut-être moyen de l'avoir facilement, dit-il en souriant.

- C'est bien ce que je crains ; le colonialisme est aussi bien implanté dans les esprits fantispais que cette tambouille de bananes crevetés dans mon estomac. Le gâchis m'est désagréable, mais je vais céder. Passons à la ligueur, vous avez raison.

Avec joie, Tod écarta son assiette sur le coté. Il jeta un coup d'œil à sa montre.

- Gontran, cela a été un plaisir de partager ce moment avec vous. Le travail, et il est riche, m'appelle.

Tod avala trop vite le liquide digestif.

- J'espère qu'on pourra se revoir vite... ah et ayez confiance en Max, je suis certain qu'il vous apprécie.

Gontran avala aussi d'un trait son verre de liqueur, il lui avait presque fait oublié le gout du "Délice".

-Ce fut un plaisir aussi, bon courage à vous pour la suite !