un touriste marchant dans les rues

Abra Kadabragne, entre deux discussions avec Hualpa et les autres concernant le programme politique de l'UCS, avait trouvé du temps pour aller passer quelques instants dans la principauté de Fantispa avec ses deux filles. Principauté où il disposait d'un visa pour faire du tourisme. Il connaissait un peu le pays puisqu'il y avait déjà fait de la course automobile avec sa défunte femme Johanne et puisque sa femme avait déjà eu l'intention d'y demander la nationalité pendant que lui même menait une carrière politique dans une nation où une autre de l'archipel. C'était à l'époque de Prya se dit-il en repensant à tout cela. Néanmoins Fantispa semblait avoir beaucoup changé depuis la dernière fois où il y avait mit les pieds. Le scanthélois d'adoption, ne pu s'empêcher de penser que sa femme aurait aimée voir la Principauté avant de rendre l'âme, c'est d'ailleurs pour elle qu'il avait décidé de prendre quelques moments de repos avec les enfants pour venir faire du tourisme.

Ainsi se retrouvait-il ici au milieu d'une populasse visiblement ébranlé par la mort d'un des membres de la famille princière ainsi que par une longue période d'inactivité qui semblait avoir terriblement nui aux Fantispais. Ému par les difficultés économiques que semblait vivre les gens autour de lui et ne pouvant en voir d'avantage, il mit ses lunettes de soleil de luxe, qu'il avait payé environ 3 KCSH à Aarosia-Cité peu avant son départ, sur son magnifique visage, qui restait bronzé malgré le fait qu'il vivait maintenant dans un pays nordique. Le soleil cocagnien et les plages pryannes lui manquaient parfois mais jamais suffisament pour lui faire regretter d'avoir émigré en CSH.

Après avoir marché quelques instants, tenant la main de sa plus vieille et ayant la petite dernière sur les épaules, il tourna au coin d'une rue quand soudain, il aperçu au loin une ou peut-être même des silouhettes qui lui semblaient famillières. Mais de qui pouvait-il bien s'agir ? Il enleva ses lunettes de soleil pour mieux voir...

Cassie vit Abra Kadabragne en face d'elle, elle ne le connaissait pas vraiment, elle s'avait surtout qu'il était un opposant politique à son défunt Fiancée Jean-Pierre Jengagne, qu'elle avait perdu dans cet horrible crash aérien que celui de la compagnie Rilek'Air. Mais peut-être se souvient t'il d'elle en tant que Journaliste au sein de l'"Echo de Cocagne".

S'approchant tout doucement de lui tout en voyant qu'il la regardait sans vraiment pouvoir la situé, elle se présenta.

- Monsieur Kadabragne ? Cassie Platagne comment allez vous ? Je ne sait pas si vous vous souvenez de moi ?

En regardant bien, Abra se rendit compte qu'il s'agissait d'une silouhette féminine, jeune de surcroit. Cette silouhette se rapprochant de lui, il essaya de se souvenir de cette personne. Sans succès. Jusqu'à ce que cette personne ouvre la bouche pour se présenter.

- Cassie Platagne ? Avec un nom pareil vous êtes assurément cocagnienne d'origine cela ne fait aucun doute. Mais après tout des cocagniens j'en ai rencontré des tas, j'ai quand même été leur président. Attendez, j'essai de me souvenir de vous... Ah oui. Vous n'étiez pas journaliste à l'époque ? Probablement pour l'Écho de Cocagne, non ?

En évoquant le nom de ce canard, il ne pu s'empêcher de penser à son pays d'origine et à tout ce qui avait disparut avec lui lorsque l'ouragan avait frappé l'île. Après avoir été une nation phare de l'archipel, Cocagne ne vivait plus maintenant que par ses trop peu nombreux ressortissants qui avaient survécu à la catastrophe et qui aujourd'hui menaient leur vie dans d'autres pays.

Cassie se rendit vite compte que Abra la re-situait vaguement, sans pourtant être sûre de la connaitre personnellement...

Monsieur Kadabragne, si je me souviens bien, j'ai eu l'honneur de vous interviewer une fois, alors que vous étiez candidat à la présidentielle, et puis, vous avez eu assez de prise de bec avec Jean-Pierre Jengagne, mon défunt fiancé pour savoir qui je suis.

Je sais qu'il y a eu des survivants cocagniens, notamment l'équipe scientifique de Sysobula, et certaines figures politique qui se trouvaient à Prya au moment du drame, comme vous ou Monsieur Bekagne, si je ne m'abuse, mais je ne sais point s'il y en a eu d'autres.

Qu'est-ce qui vous amène à Fantispa ? Vous recherchez vous aussi à démarrer une nouvelle vie ?

Lorsque Cassie évoqua le nom de Jean-Pierre Jengagne, Abra Kadabragne la reconnue aussitôt.

- Oui je me souviens de vous maintenant. Jean-Pierre était disons... Un peu sanguin. Mais il n'avait peur de rien. C'était un aventurier ! C'est d'ailleurs pour cela que les Cocagniens l'ont élu président. Moi y compris puisque j'avais voté pour lui. Il avait par la suite voulu me rouler avec Bio-Ananagne mais c'était de bonne guerre, à l'époque tout le monde me prenait pour une quiche. Hahaha.

Abra ne pu s'empêcher de laisser s'échapper un petit rire sarcastique en évoquant tous ceux qui l'avaient prit pour un blaireau alors qu'il avait été élu président en RPC avant de par la suite atteindre les sommets à Prya et de mener une belle carrière en Confédération de Scanténoisie-Helvetia. Lorsque Cassie évoqua les quelques survivants cocagniens, il lui répondit.

- Il y a eu quelques survivants comme Jim Kanagne ou Marjan Bekagne mais ils ont disparut de la circulation depuis bien longtemps. Kanagne n'a jamais vraiment été présent dans la vie publique pryanne et Marjan après un séjour en CSH a fini par succombé à la température glaciale qui y règne. Quant à moi je me fais dorénavant reconnaitre d'avantage comme immigré pryan par certains scanthélois que comme immigré cocagnien, malgré mon nom qui ne devrait pourtant laisser aucun doute.

Puis Cassie lui demanda ce qui l'amenait dans la principauté. Il remit ses lunettes de soleil puis lui répondit.

- Je viens simplement faire du tourisme avec mes deux filles. D'ailleurs je n'ai pas fais les présentations. La plus vieille c'est Marianne et la plus jeune c'est Suzanne. Quand je vivais encore avec mon épouse à Fort-le-Bagne, celle-ci était enceinte de la petite Suzanne. Et maintenant elle est rendu à l'âge de marcher et d'apprendre à parler... Ça vieilli tellement vite.

Abra eu du mal à retenir une petite larme derrière ses lunettes de soleil.

- Et puis en ce qui concerne commencer une nouvelle vie, vous n'y pensez pas ! Je suis bien trop heureux en tant que citoyen scanthélois pour penser adopter une nouvelle citoyenneté pour la quatrième fois ! Je ne dis jamais, jamais, mais pour l'instant je me consacre à la vie publique de la confédération. Et vous, vous adoptez dorénavant la citoyenneté Fantispaise ?

Cassie se remémora la grandiose élection de Jean-Pierre à la tête de la RPC, puis aussi cette grande déchéance qui a suivi ensuite...

- Oui, Jean-Pierre a été élu Président, cela ne fait nul doute, tout simplement pour le la lui retiré quelques minutes plus tard, foutu Conseil des Sages, c'est à partir de ce moment que tout fût parti de travers. Le Crash aérien, puis la tempête tropicale à Cocagne, l'invasion, puis la désintégration de Rilekø...

Puis se reprenant, en essayant d'oublier ce triste passé

Cassie regardait les deux filles d'Abra, mignonnes comme tout, en se disant qu'elle aurait pu avoir cette vie avec Jean-Pierre, mais que le destin en a voulu autrement.

- Après cela j'ai voyagé monsieur Kadabragne, j'ai vu le micromonde dans son ensemble, du litorral avarois au plaines russlaves, enfin je me suis arrêter ici, je n'y était que passé lors de la coupe des rallyes, un pays en reconstruction, exactement ce qu'il fallait à une jeune femme qui a perdu tout ce qu'elle possédait.

La vie était tout aussi douce à Fantispa qu’à Prya. Le calme des rues permettait à quiconque, qui le souhaitait, de découvrir la ville sous toutes les coutures. Du Palais princier à l’Université, la flânerie du promeneur lambda assure un bain d’oxygène et de soleil vivifiant. Cela est d’autant plus vrai quand on est enfermé dans une chambre d’un foyer d’immigrés en étudiant diverses lois pendant que votre enfant pleure toutes les larmes de son corps pour une raison obscure qui échappe à toute logique. Après avoir essayé le biberon, les couches, les chansons et tout le reste, il ne reste bien souvent que la solution la plus efficace et la plus radicale : la fuite. Laisser Auguste aux soins de sa mère et sortir de ce foyer s’imposait comme une évidence. Encore une fois, la fuite constituait pour Tod la solution à ses maux, toute l’histoire de sa vie.

C’est ainsi que Tod avait opté pour une sortie dans les rues tétaoutiennes comme il le faisait de temps à autres du temps où il occupait la fonction de représentant diplomatique en Principauté. Un jeune homme vendait à la crié un chiffon en annonçant une scandaleuse escroquerie d’un sombre homme d’affaire. De l’autre coté de la rue, une vieille folle annonçait à qui voulait l'entendre - c'est-à-dire personne - que la fin du monde était proche parce qu’un vieux calendrier que plus personne n’utilisait ne dépassait pas une date précise. La circulation fluide donnait à la ville une atmosphère de village.

La crise économique qui frappait le pays laissait des traces évidentes de pauvreté. Certains commerçants restaient sur le carreau. Un frémissement le parcouru de tout son long. Se lancer dans le monde économique ne serait pas une affaire facile. Il allait falloir démontrer certaines qualités de gestionnaire et de visionnaires. La communication serait probablement une arme déterminante.

Afin de mieux observer le spectacle de la comédie humaine – celle dont nous sommes tous les acteurs, Tod décida de se poser à une petite terrasse. Tout en consommant une Spéciale de Tétaou, il regardait ici le petit garçon qui faisait la vie dure à sa mère, là-bas, la jeune femme qui fait la tête à son Roméo parce qu’ils ont dû descendre trois étages à pied ou encore ce vieil homme courbé par le temps, avançant avec difficulté à l’aide d’une canne qui devait être tout ce qui lui restait. Chacune de ces personnes avait une histoire a raconté – leur histoire -, celle qui les avait construits. Lui aussi avait son histoire. A lui aussi, son histoire l’avait profondément marqué parfois par son doux manteau de soie et à d’autres occasions par le fer rouge.

La vie nous réserve des surprises. Elle est tellement imprévisible. C’est pour cela qu’elle est autant magique que cruelle. Mais elle ne risquait pas de le surprendre, elle l’avait tellement fait ces derniers jours qu’il aurait été indécent que la vie revienne à la charge. Par exemple, la silhouette de cet individu qui se balade dans cette rue touristique pourrait être celle d’Abra Kadabragne. Et les deux petites pourraient être ses filles. Mais cela ferait beaucoup en si peu de temps… Mais Tod se pencha en avant. Finalement, est-ce que le destin n’en avait pas fini avec lui ? Encore une rencontre inattendue ? Devait-il s’en inquiéter ? Est-ce que le « destin » n’allait pas se « venger », « se rattraper » après tout cela ? Bref, devait-il aller aborder son ancien compatriote ?

Alors qu'il était en train de parler avec Cassie, Abra se sentit observé. Il se retourna et aperçu un homme sur une terrasse qui semblait regarder dans sa direction. Il mit ses lunettes sur le bout de son nez et plissa les yeux pour mieux voir. De qui pouvait-il bien s'agir ? Était-ce Tod Ruffin ? Mais oui ! C'était bien lui ! Abra invita Cassie à le suivre puis il partit avec ses filles en direction de la terrasse ou son ancien compatriote pryan semblait siffler une tétaou bien pénard. Pendant que son ancien voisin Tindalite prenait une gorgée de son verre et portait donc son regard ailleurs, Abra arriva et lui donna une tape dans le dos bien amicale.

- Tod ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu viens manger des chips en cachette ? Becky et Auguste sont avec toi ?

Puis il fit signe à la serveuse, une immigrée krasslandaise reconnaissable à son accent et à ses sourcils gros comme des nids d'oiseau.

- Serveuse ! Amener deux spéciales tétaou, une pour moi et une pour la jeune dame.

Abra Kadabragne tira deux chaises, une pour s'asseoir à côté de Tod Ruffin et une autre pour Marianne. La petite Suzanne prenant place sur les genoux de son père. Il restait une chaise de libre pour Cassie qui visiblement ne connaissait pas encore Tod mais que le destin les forçaient à se rencontrer dans ce pays en reconstruction.

Cassie suivi Abra à la terrasse d'un café, où se trouvait un homme que Abra semblait connaitre, mais dont le visage disait quelque chose à cette dernière. Après avoir pris une chaise, elle eu sa réponse dès qu'Abra a appelé l'individu par son prénom.

- Vous êtes Tod, Tod Ruffin n'est-ce pas ? On ne se connait pas vraiment, mais nous nous sommes croisés, seulement de vue à Abalecon fin janvier 2010. Il y avait même un certain Pierre ou Paul Hisson avec vous, je ne sais plus exactement, cela remonte un peu.

- Et j'ai aussi un peu entendu parler de vous quand je travaillais comme journaliste à l'Echo de Cocagne, vous connaissiez certains de mes collègues, comme Pierre Lagagne ou Jim Kanagne, je crois bien même que vous avez travaillé avec Pierre Lagagne sur certaines éditions du Journal "Le Micromondien".

Max s'était installé dans le confortable palais de Julio De Fortia depuis plus d'une semaine, mais l'abonnement à FanTV de Julio ne l'avait pas laissé indifférent, le média tournait toujours et offrait un joli panel de chaîne à ses abonnés.

Mais Julio avait un emploi, lui, et en le voyant sortir un matin alors qu'il regardait les dessins animés de la chaîne, il se remit en question. Il repensa à sa mère qui l'avait mis à la porte, à son compte en banque au raz des pâquerettes.
Passer de président à parasite, ça fait réfléchir.

Il était temps de sortir, il n'y avait pas grand chose à faire à Tétaou en ces temps difficiles, mais il existait encore des lieux de divertissements ouvert.
Il décida d'aller prendre un verre en ville.

Il s'habilla alors rapidement, jeta un oeil sur les petits papillons blancs qui volait dans ces poches et se connecta à ecomicro. Hum...forcément c'était vide, mais il avait encore accès au compte du trust mazambalais et apparemment les investisseurs étaient tous rentrés à Fantispa, le compte n'avait pas été utilisé depuis plusieurs mois déja. Mauvais signe pour la province, mais plutot bon pour Max qui débita quelques crédits, après tout c'était pour la bonne cause...

Il s'approcha d'un café ou il vit quelques silhouettes familières.

-Mademoiselle, messieurs, bien le bonjour.
Je me permet de prendre une chaise à votre table d'immigrés dit-il en souriant
Garçon, un café et...un petit déjeuner en fait, je n'ai pas mangé.

Je m'excuse de vous interrompre, je ne suis pas sorti depuis plusieurs jours, je crois qu'il va être temps de se remettre à flot.
Comment se passe vos premiers jours de citoyens ?

L'administration tourne au ralenti depuis quelques temps, mais la famille princière a été pas mal bouleversé ces derniers temps.
J'irais faire un tour au conseil ducal, j'y ai encore mes accès, j'essaierais de glaner des informations sur la suite.

Juste au moment où Cassie eu fini sa question à Tod Ruffin, un homme les saluants, prit un chaise et se plaça à la table, elle le reconnu, c'est l'homme de l'aéroport qui lui avait souhaité une bonne installation à Fantispa.

- Monsieur Morton, bonjour, comment allez vous ?

Plutot bien, je vous remercie, mais je pense qu'il va falloir que je me remette au travail rapidement.
Julio est patient, mais tout de même.

J'avoue ne pas encore savoir vers quel secteur me diriger, surement prendre une entreprise, réouvrir un restaurant peut-être.

Pour le moment ce n'est pas la priorité, j'espère que l'administration pourra rapidement reprendre son fonctionnement normale.

Et vous Melle Platagne, des idées ? Le journalisme peut-être ? Ou la politique ? Deux secteurs que vous avez déja côtoyé il me semble ?

J'ai effectivement côtoyé le journalisme, mais pas directement la politique, j'écoutais seulement les répétitions de mon défunt fiancé.

Mais oui, c'est une solution, pourquoi ne pas me relancer dans le journalisme après cette longue pause, je verrai bien cela, avant tout, j'attend toujours une réponse pour un appartement sur Tétaou...

Abra fut surpris de revoir Max Morton, pour qui il fut ambassadeur et ministre lorsque celui-ci était le président de l'ÉcoDémocratie de Prya.

- Et bien Max, ça faisait longtemps !

Puis il prit une gorgée de spéciale tétaou et ce n'est que quand Max et Cassie parlerent de leurs possibilités d'emplois pour l'avenir qu'il revint dans la discussion.

- Je ne sais pas si ça peut intéresser l'un de vous deux, mais j'ai entendu parler d'un poste d'ambassadeur de Fantispa qu'il faudrait combler en Confédération de Scanthénoisie-Helvetia. Il fait froid tout le temps là bas mais l'on fini par s'habituer.

Pendant qu'il parlait il avait l'impression qu'un autre client présent sur la terrasse l'observait, lui et son groupe d'immigrés cocagno-pryan.

Il n’y avait donc aucune erreur, il s’agissait bien d’Abra Kadabragne. Les fantômes du passé continuaient à rôder ; Après Julio, Max, voilà Abra ! Les anciens pryans et le lot de souvenirs qui les accompagnait tourbillonnaient sur cette terrasse comme les vents dans une tempête qui emporte tout sur son passage. Rien n’y résistait. Tod secoua la tête. Fini la mélancolie, il fallait aller de l’avant. Il ne s’agissait aucunement de renier quoique ce soit, mais de construire autre chose, dans d’autre circonstances.

- Tod ? Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Tu viens manger des chips en cachette ? Becky et Auguste sont avec toi ?

Voilà quelques mots qui réussirent à esquisser un sourire à Tod. Des chips aux algues. Sa dépendance à ce succulent mets était toujours totale, seules les occasions d’en manger se faisaient plus rares. Une vague inquiétude s’éveilla en lui, une nouvelle chose à laquelle il n’avait aucunement songé : Comment allait-il s’approvisionner en chips ? Il n’était pas certain que les fantispais soient aussi friands que lui de ce « plat », il serait donc bien plus compliqué d’assouvir ce vice là. Un problème qu’il faudrait régler plus tard. Il y en avait tant.

Son inquiétude fut bien vite chassée par la présence de la femme qui suivait Abra. Relativement grande, châtain, longiligne, visage agréable, Tod était plutôt surpris de voir Abra accompagner d’une autre femme que Johanne. Sa maîtresse ? Les hommes sont malheureusement souvent plongés dans ce genre d’histoire qui les voit succomber aux charmes d’une autre pour des raisons différentes, mais souvent liées à l’instinct animal de l’homme. A moins qu’il ne s’agisse que d’un membre de sa famille plus bêtement… Si la curiosité guidait son questionnement intérieur, il n’en garda pas moins un silence courtois et discret. Par ailleurs, parler de Johanne aurait été fort maladroit dans ces circonstances.

- Abra ? Ca alors ! Si tu savais le nombre de rencontres surprenantes qu’on peut faire ici. Non, je préfère manger les chips quand je suis dans un endroit plus discret sinon Max pourrait venir m’en piquer. Je suis en pleine procédure d’installation à Tétaou. Je compte m’investir ici, histoire de reprendre un peu goût à la vie et être utile si possible. Nous sommes, Becky et le mioche, installés dans un foyer d’immigrés. Mais toi ? Que fais-tu dans le coin ? En voyage de…d’affaires ?

La jeune femme qu’Abra avait oubliée de lui présenter pris la parole à son tour.

- Vous êtes Tod, Tod Ruffin n'est-ce pas ? On ne se connait pas vraiment, mais nous nous sommes croisés, seulement de vue à Abalecon fin janvier 2010. Il y avait même un certain Pierre ou Paul Hisson avec vous, je ne sais plus exactement, cela remonte un peu.

Le micromonde est vraiment petit. Voilà que le petit pryan qu’il avait été était plus ou moins reconnu par une jeune femme venue de l’étranger. Peut être que cela devait s’appeler de la notoriété. D’ailleurs, l’espace de quelques secondes, son égocentrisme se gonfla aussi facilement qu’un ballon de baudruche dans lequel on souffle de toutes ses forces. Il devait l’admettre ; C’était plutôt agréable.. Cet égocentrisme se dégonfla aussi vite tel ce même ballon de baudruche qui explose au contact d’une centaine de hérissons. D’abord parce qu’il ne savait que trop bien que la notoriété ne voulait pas dire grand chose, mais surtout qu’elle était dangereuse. Il avait lui-même dénoncé la présence de celle-ci chez certains micromondiens au « je » pamphlétaire et assassin.

Abalecon ? Janvier 2010 ? Encore des souvenirs. Des bons, même s’ils se situaient sur des terres inhospitalières et sauvages.

- Vous avez une mémoire qui dépasse de très loin la mienne Madame. Il faut dire que j’ai passé ces derniers mois à tenter d’oublier beaucoup de choses. N’en voyez là aucune offense.

- Et j'ai aussi un peu entendu parler de vous quand je travaillais comme journaliste à l'Echo de Cocagne, vous connaissiez certains de mes collègues, comme Pierre Lagagne ou Jim Kanagne, je crois bien même que vous avez travaillé avec Pierre Lagagne sur certaines éditions du Journal "Le Micromondien".

Tod se crispa. Voilà l’un des épisodes précisément qu’il venait fuir ici et il ressurgissait aussi vite que l’éclair qui zèbre le ciel. On ne peut pas y réchapper, on ne l’a pas encore vu qu’il vous a déjà foudroyé.

- C’est exact. Mais je n’en garde pas du tout un bon souvenir. Bien au contraire. Par ailleurs, si vous avez entendu parler de moi dans le contexte et les acteurs que vous décrivez, il est certain que vous ne devez pas avoir une bonne image de moi.

Au moins désormais, l’ego de Tod ne pouvait plus être galvanisé en cet instant. Il émis le vœu muet de ne pas revoir ou entendre parler de ce navrant épisode. Le meilleur moyen pour cela était de changer de sujet de conversation. Ca tombait bien, cette femme l’intriguait : Qu’est-ce qui l’amenait à se retrouver avec Abra ?

- Vous êtes ici pour combien de temps Ma… Comment vous appelez-vous au juste ?

Alors que la conversation avait bien débuté, l’arrivée surprise de Max décontracta totalement Tod. Il imposait toujours une présence, un charisme incroyable. L’entendre parler de son retour aux affaires semblait une évidence. Mais il semblait éluder la politique de ses futurs champs d’actions. C’était pour Tod l’occasion de se fixer un petit défi : le convaincre doucement, mais sûrement de revenir au premier plan. Max avait peut être cette idée aussi en tête même s’il ne l’avait pas énoncé. La vérification était nécessaire toutefois.

- Dis-moi Max, c’est quand que tu reprends en main le comité de la Culture, plaisanta-t-il.

Citation :

- Vous avez une mémoire qui dépasse de très loin la mienne Madame. Il faut dire que j’ai passé ces derniers mois à tenter d’oublier beaucoup de choses. N’en voyez là aucune offense.

- Oh Monsieur Ruffin, vous ne vous souvenez vraiment pas, c'était au Rallye d'Abalecon, j'étais la co-pilote de mon défunt Jean-Pierre, je me trouvais dans la voiture juste devant la votre, certes il est vrai qu'il y avait beaucoup de poussières, mais tout de même....

Citation :

C’est exact. Mais je n’en garde pas du tout un bon souvenir. Bien au contraire. Par ailleurs, si vous avez entendu parler de moi dans le contexte et les acteurs que vous décrivez, il est certain que vous ne devez pas avoir une bonne image de moi.

- Je savais que vous travailliez dans ce domaine, comme mes collègues, mais jamais nous n'avons eu de discussion sur le sujet précisément, ne vous inquiétez pas, je n'ai pas d'apriori sur vous.

Citation :

- Vous êtes ici pour combien de temps Ma… Comment vous appelez-vous au juste ?

- Cassie Jengagne, euh Platagne pardon...


A ce moment précis alors que la discussion battait son plein Max Morton arriva à la table, Cassie lui fit un salut et ce dernier répondit à ces différentes questions ainsi qu'à celles d'Abra Kadabragne. Et puis était enfin près à répondre à celle de Tod Ruffin....

- Oh Monsieur Ruffin, vous ne vous souvenez vraiment pas, c'était au Rallye d'Abalecon, j'étais la co-pilote de mon défunt Jean-Pierre, je me trouvais dans la voiture juste devant la votre, certes il est vrai qu'il y avait beaucoup de poussières, mais tout de même....

Au Rallye d’Abalecon ? L’évocation de cet événement le rappela qu’il s’était aussi essayé à ce sport sans grand succès, sauf sur les terres lointaines frôçeuses. Et si elle avait évoqué le nom de Paul Hisson, c’est justement en raison de la qualité de co-pilote que cet olibrius de malheur, ce bachi-bouzouk de pacotille avait été à plusieurs reprises à ses côtés. Mais qui était au volant de la voiture qui les précédait ? Il y en avait tant qui les précédait à ce rallye qu’il aurait été difficile de tous les citer sans un effort de concentration important. Jean-Pierre ? Jean-Pierre ? Jean-Pierre… Il y avait bien une personnalité, en l’occurrence cocagnienne, qui aurait pu correspondre à cette identité : l’ancien chef d’état Jean-Pierre Jengagne. Tod avait suivi en long et large l’actualité micromondiale, il avait entendu parler de beaucoup de monde. Le souvenir qu’il gardait de la plupart de ces personnalités passait bien souvent aux oubliettes pour de multiples raisons : Entre les dictateurs sanguinaires, racistes, homophobes, les imbéciles, les inintéressants, les vulgaires ou les superficiels ou pire tout à la fois, il y avait de quoi vouloir oublier bien des gens. Pourtant, il se souvenait de Jengagne. Il ne savait toutefois plus pour quelles raisons, mais il avait eu plutôt de la sympathie à l’attention de cet individu. Sympathie toute modérée puisqu’il ne le connaissait pas vraiment. Plutôt ironique comme pensée, lui, le soi disant anti-cocagnien primaire par excellence avoir de la sympathie pour quelqu’un qui avait été le premier d’entre eux.

- Je me souviens de votre mari et je suis navré d’apprendre qu’il ne fait plus partie de ce monde. En revanche, je n’ai que très peu de souvenir de la course, hormis que nous étions plutôt en difficulté comme assez souvent. Vous deviez nous distancer de beaucoup. Cependant, votre visage ne m’est pas tout à fait inconnu, mais je n’aurai jamais pu le resituer.

- Je savais que vous travailliez dans ce domaine, comme mes collègues, mais jamais nous n'avons eu de discussion sur le sujet précisément, ne vous inquiétez pas, je n'ai pas d'a priori sur vous.

Cette confidence le soulagea un peu. Il n’y aurait donc pas de débat qui traînerait en longueur sur des tracas sans intérêt.

- Vous avez donc été journaliste également. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le domaine est difficile et parfois ingrat. Il ne faut pas compter les heures de travail et il n’est pas rare qu’on vous tombe dessus à partir du moment que vous osez écrire ou dire des choses qui fâchent. J’ai beaucoup aimé exercer cette fonction car elle est essentielle dans une démocratie. Le problème, c’est qu’elle peut tout aussi bien servir des régimes autoritaires. Allez-vous replonger dans le bain journalistique ?

Cette jeune femme s’appelait donc Cassie Platagne. Remariée visiblement, à moins que cela ait été son nom de jeune fille. Tod ne souhaitait pas entrer dans des détails qui pourraient être trop indiscrets et douloureux.

- Abra ? Ca alors ! Si tu savais le nombre de rencontres surprenantes qu’on peut faire ici. Non, je préfère manger les chips quand je suis dans un endroit plus discret sinon Max pourrait venir m’en piquer. Je suis en pleine procédure d’installation à Tétaou. Je compte m’investir ici, histoire de reprendre un peu goût à la vie et être utile si possible. Nous sommes, Becky et le mioche, installés dans un foyer d’immigrés. Mais toi ? Que fais-tu dans le coin ? En voyage de…d’affaires ?

Abra était surpris de voir son ancien voisin tindalite et compatriote pryan démarrer une nouvelle vie dans la principauté. Il fut encore plus surpris d'apprendre que celui-ci vivait dans un foyer d'immigrés, Tod n'avait-il pas une fortune personnelle sur son compte de banque pryan ? Pourquoi n'avait-il pas transféré le tout sur un compte fantispais ? Juste le fait de penser à cette histoire de compte bancaire lui fit se remémorer ses propres problèmes judiciaires en RPC pour des transferts frauduleux vers Prya à l'époque où il avait immigré en EcoDémocratie... Quoiqu'il en soit, Tod lui avait posé une question et il devait y répondre.

- Oh, moi ! Comme tu peux le voir j'ai mes deux filles avec moi. Abra montra la petite suzanne qu'il avait sur les genoux et la petite marianne qu'y était assise à côté de lui. Je fais juste un peu de tourisme entre deux débats parlementaires en Scanthénoisie-Helvetia. Oui, maintenant je suis installé au pays des glaçons et des boules de neige, haha. Après le soleil cocagniens et les plages pryannes je crois que j'avais besoin de voir autre chose. J'ai essayé de retourner en EcoDémocratie mais l'allergie au faux rhum, généralisée dans la population pryanne, m'a convaincu de rester avec la seule nationalité scanthéloise. Et puis à ce moment la santé de Johanne n'était pas suffisament bonne pour nous permettre de mener deux vies dans deux nations différentes.

Abra reprit une gorgée de sa spéciale tétaou, en se demandant pourquoi Max restait aussi silencieux.

Abra n’était donc sur les terres de la principauté qu’en simple touriste. Il était donc plus étonnant encore de le croiser, c’était un sacré coup de chance.

- Tu joues donc les touristes avec les petites ?! Voilà une bien douce activité que j’aurai peut être du exercer. Partir à l’aventure, à la découverte, dans l’inconnu a quelque chose de savoureux.

Si le climat fantispais était plus clément que celui de sa terre natale, Tod ressentit le besoin de se désaltérer. Alors qu’il ingurgitait un peu de la Spéciale de Tétaou, il s’inquiéta du silence soudain de Max, il ne le connaissait pas si réservé, si timide. Etait-ce le monde présent à cette table qui le faisait rester muet comme une carpe ? Etonnant pour la bête politique qu’il avait été et qu’il était probablement. Alors les enfants ? Il était impressionné par la présence de gosses ? Ca ne tenait pas bien debout. Etait-il malade alors ? Pensée beaucoup plus inquiétante et, pire, plus réaliste. Tod revint malgré tout à la conversation en cours.

- Tu sais, je suis l’un des plus farouches opposants à la vente de faux-rhum à Prya. Je ne m’en suis jamais caché bien sûr. C’est une différence culturelle majeure - Une de plus d’ailleurs. Il suffit de voir ce qui se passe à Fantispa, en CSH ou même chez la défunte Ydémos pour comprendre que la vente subite de faux-rhum ne règle rien du tout en terme d’activité de la nation - que ce soit au niveau de la qualité ou de la quantité. Tant que les gens comme Stan Camelinni n’auront pas compris que la vente subite de faux-rhum n’est pas la solution aux malaises des nations, rien ne changera… Oups pardon ! Il ne faut surtout pas me lancer sur un débat qui me tient à cœur comme celui-ci. Je m’étale et je n’en finis plus. N’en parlons plus d’ailleurs. Et puis, la preuve est faite que je ne suis pas un anti-faux-rhumiste aveuglé par une quelconque haine. Ma vie est aujourd’hui située ici, à Fantispa, nation où le faux-rhum coule à volonté.

Soudain, Tod repensa aux propos d’Abra. Dans un premier temps, il constata que ses réflexes avaient bigrement diminué. A une certaine époque, il aurait tiqué immédiatement à certains mots, certaines phrases. Aujourd’hui, il lui avait fallu quelques minutes pour comprendre que quelque chose clochait. Mais quoi ? Dans un second temps, il se remémora les propos en question : « La santé de Johanne », La santé de Johanne ? « Pour vivre deux vies ». Sa femme était donc malade et visiblement assez gravement pour que cela empêche des déplacements longs et fréquents.

« La santé de Johanne », « la santé de Johanne n’était pas suffisamment bonne ». Elle était donc très malade, mais ne l’était plus. Mais alors, pourquoi n’était-elle pas à ses côtés à cet instant ? Evidemment, si Abra flirtait avec Cassie Platagne, on pouvait comprendre qu’Abra n’eut pas très envie de voir Johanne dans les parages, à moins qu’ils eussent été tout simplement séparés. Ou Abra et Cassie ne flirtaient aucunement. Mais dans ce cas, où se trouvait Johanne ? Quelque chose clochait, c’était certain. La curiosité de Tod était désormais titillée et, comme le vélo, les réflexes reviennent vite. Il restait à savoir comment aborder le sujet, avec doigté, délicatesse et courtoisie si c’était possible…

- Johanne te prépare toujours de si bons plats ? Je me souviens d’un très bon moment chez vous. Nous nous étions régalés.

Max continuait de petit déjeuner tout en écoutant les différents récits de ses voisins de tables, notamment sur le passé, mais aussi l'avenir.
Il y avait matière à beaucoup de réflexion et de recul dans les différents dires, mais aussi avec les perspectives qu'il allait falloir bientôt dresser...
Puis il pris une gorgée de son thé déja refroidit et reprit

Abra - Je ne sais pas si ça peut intéresser l'un de vous deux, mais j'ai entendu parler d'un poste d'ambassadeur de Fantispa qu'il faudrait combler en Confédération de Scanthénoisie-Helvetia. Il fait froid tout le temps là bas mais l'on fini par s'habituer.

Ayant déja eu la chance d'exercer comme Ambassadeur, je dois reconnaître que je recommanderais facilement ce genre de poste qui permet de rencontrer de nouvelles personnes, mais surtout de découvrir de nouveaux modes de vie, des différences et de la variété.
Je ne sais pas quelles seront nos orientations des AE dans les mois à venir, mais j'espère naturellement qu'une place sera laissée pour des échanges avec la CSH, curieusement j'ai vécu à Prya pas mal de temps, une nation amie de la CSH, mais je connais très peu le pays du froid.
J'y passerais surement quelques jours de vacances un jour...quand ce sera l'été bien sur !

Le serveur apporta un dernier croissant à Max, pendant que Tod se tourna vers lui afin de lui demander en plaisantant.

- Dis-moi Max, c’est quand que tu reprends en main le comité de la Culture

Max termina sa tasse, l'eau ne devais pas être bien chaude pour avoir refroidi si rapidement.
Il fit un sourire quelque peu forcé à Tod, il ne savait désespérément pas quelle réponse apporter.

Heu...pour le moment nous avons pas mal de travail au Conseil des Ducs, des éclaircissements seront d'ailleurs communiqués sous peu je pense. Le Prince et le Duc de Tispana, vont être absent quelques temps, j'assurerais donc les affaires courantes, ou plutôt je les expédierais car je dois en priorité préparer un voyage au Mazambala, j'ai bien trop longtemps oublié cette province que le Prince m'a confié et dont nous avons travaillé si dur pour la faire sortir de l'autoritarisme de Moganda.
Et malheureusement nous n'avons plus de nouvelles du Gouverneur local ni de notre contingent, les derniers rapports sur la situations était préoccupant...
Le comité de la défense m'a attribué quelques avions et des équipes de sécurité et du génie. Le mieux est d'allez voir sur place ce qui s'est passé etd 'établir le contact, en espérant qu'aucun évènement dramatique n'ai eu lieu.

Max avait digresser et se reprit,

Ah et heu...bien sur...le comité de la culture est un poste de long terme, qui signifie d'initier des projets et de relancer des programmes, je pense que notre situation politique fait que nous devons attendre un peu ou attribuer ce type de poste à des gens qui souhaite s'engager pleinement et à long terme au service de l'administration de notre état.

Max venait de sortir une phrase de "politicard" de base et n'en était pas très fier, il entama alors son croissant par une grosse bouchée.

- Oui, prendre des vacances c'est une bonne chose. Et puis je crois que les filles avaient envie de voyager un peu. Il faut dire que depuis leur naissance nous avons toujours été en déplacement. Marianne est né nous vivions en nomades Johanne et moi après nous êtres rencontrés en Ydémos. Elle était toute petite quand nous sommes retournés en république du pays de cocagne où sa soeur est née. Je ne crois pas qu'elle est des souvenir de cette époque d'ailleurs. Enfin tout ça pour dire que s'était un peu dépaysant pour elles de rester aussi longtemps dans le même milieu.

Après avoir répondu à la réaction de Tod lorsque celui-ci apprit qu'Abra n'était en Fantispa que pour quelques temps grâce à un visa touristique, Abra entra dans le débat sur la vente de faux rhum à Prya. Ne voulant pas s'éterniser sur le sujet, sa réponse ne fut pas digne du bagarreur verbal, du virtuose de la réplique assassine qu'il est depuis le début de sa carrière politique.

- Faux rhum ou pas faux rhum, depuis que toi, Max, Mac et Stan avez quittés l'EcoDémocratie, ce n'était déjà plus pareil. Julio et Tropez étaient devenus des vieux sages qui écoutent plus qu'ils agissent, Marjan a pété les plombs lorsqu'il a eu les pleins pouvoirs et Tanguy et Ernesto n'ont jamais étés mes amis. Puis il y a eu la disparition de Julio et le début de l'exode massif des quelques uns qui étaient restés. Maintenant il semble que de ''nouveaux'' visages ait reprit le pays en main mais je ne crois pas que je me sentirais comme chez moi si j'y retournais après tout ce temps.

Puis la discussion prit une autre tournure. Visiblement Tod n'était pas au courant du décès de Johanne, Abra devait le lui apprendre, après tout Tod avait été un voisin et un ami à l'époque où Abra et son épouse vivaient en Tindali et puis Becky, la conjointe de Tod, connaissait également Johanne qu'elle avait rencontré lors de souper organisés chez l'un ou l'autre des deux couples. Le tout était de le faire de manière subtile de manière à ne mettre personne mal à l'aise.

- En fait, elle est morte réçemment. Elle avait une santé fragile et après avoir accouchée de suzanne lors de ma présidence en RPC elle fut très malade. La maladie l'a finalement emportée au début du mois de mai.

Abra laissa Max réintégrer la discussion en disant ce qu'il avait à dire. Pendant que son ancien président parlait, lui terminait sa spéciale tétaou et en commandait une deuxième.

Cassie qui en était à sa troisième spéciale de Tétaou, écoutait avec attention les discussions croisées, entre Tod, Max, Abra et elle même... Et après une dernière gorgée, elle répondit avec un certain temps de latence à ce cher Tod Ruffin.

Citation :

- Je me souviens de votre mari et je suis navré d’apprendre qu’il ne fait plus partie de ce monde. En revanche, je n’ai que très peu de souvenir de la course, hormis que nous étions plutôt en difficulté comme assez souvent. Vous deviez nous distancer de beaucoup. Cependant, votre visage ne m’est pas tout à fait inconnu, mais je n’aurai jamais pu le resituer.

- Jean-Pierre est décédé dans le Vol 815 de la compagnie aérienne de Rilekø, si je me souviens bien des passagers Cocagniens, Rilekøens, et Pryans étaient à bord sans compter les 4 Abaleconiens clandestins qui ont réussi à survivre en étant caché dans le train d'atterrissage... J'en voudrais pour toujours au terroristes svérigeois qui ont fait s'écraser l'avion, quand je pense que j'avais un billet pour ce vol, et que j'aurais du être avec lui... Mais une force a voulu que cela ne soit pas le cas, mais je ne sais pas encore ce que c'était...

Citation :

- Vous avez donc été journaliste également. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le domaine est difficile et parfois ingrat. Il ne faut pas compter les heures de travail et il n’est pas rare qu’on vous tombe dessus à partir du moment que vous osez écrire ou dire des choses qui fâchent. J’ai beaucoup aimé exercer cette fonction car elle est essentielle dans une démocratie. Le problème, c’est qu’elle peut tout aussi bien servir des régimes autoritaires. Allez-vous replonger dans le bain journalistique ?

Mon boulot était surtout l'actualité micronationale, et au passage des petites interviews des candidats à la présidentielle, j'ai même interviewé Abra ici même sur qui je suis tombé totalement par hazard, mais après le cataclysme qui a frappé mon pays d'origine, croisé des cocagniens est devenu si rare, nous ne sommes qu'une poignée dans le micromonde aujourd'hui, nous ne devons pas nous ignorer.

Je crois savoir à qui vous faites référence pour le journalisme servant certains régimes douteux... Pjotr od Kaštènahodic, ce vil monstre de pacotille, je crois même que c'est vous qui lui avez trouvé le magnifique sobriquet de Petit Empereur par Alliance... Abalecon, a par le passé été une puissante et belle République, qui dès le jour où Straviskova est arrivé au pouvoir a fini par sombrer dans la pire déchéance, et de plus expansionniste.... Il suffit de voir l'annexion par les armes de la République d'Ardeàl...

Je ne sais pas par contre, si je vais me replonger dans le Journalisme, je veux surtout me poser et vivre une petite vie tranquille...

Cassie se lève et se dirige vers cet homme qu'elle ne connaissait pas.

- Le Massacre d'une centaine de Nadéens par Pjotr od Kaštènahodic ? un Cargo vous dites, un ancien premier ministre mort, vous m'intéressez ? Cela remonte à quand, puis-je rencontrez votre cousin, possédez vous des photos ?