De passage à Tétaou

La semaine avait été chargé, il avait fallut boucler la gazette de kaora rapidement après un certain retard, les dossiers pour l'observatoire avançait doucement ais était prenant, parfois trop.
Max avait eu vent de la reprise d'activité à Fantispa, au moins à tétaou, Fantispa avait perdu de son territoire après la crise de flemmingite aiguë qu'a connu le pays.

Il décida d'aller y faire un tour, après tout en partant de Tindali en avion il y a presque autant de distance que pour se rendre dans la capitale Pryanne. Il se dirigea vers l'aérodrome ou se trouvait son avion privé et s'envola dans les airs en direction de son ancienne terre d'exil...

Plusieurs heures plus tard, une fois atterri et en sortant dans la rue, il se souvint que finalement il ne connaissait pas Tétaou. Max avait vécu principalement à Sorlop l'ancienne capitale de Fantispa puis au Mazambala ou il avait pris la tête de cette province particulière.
Aujourd'hui il n'avait plus de repères, une ville inconnue, duc sans duché, restaurateur sans restaurant, les choses avaient considérablement changé, il y avait de bonnes choses néanmoins le parlement était revenu, les élections étaient apparemment prévues, la démocratie allait sans doute revenir, c'était une bonne chose le micromonde a bien assez de régime autoritaire ou de fausses démocraties pour ne pas en voir fleurir une de plus.
Par contre l'armée était toujours là et active, comme si l'ONA n'avait pas fait mobilisé autant de soldat inutilement.

Il décida de rester l'après midi à Tétaou, après tout il lui restait encore la Spéciale de Tétaou, et ça faisait plusieurs années qu'il n'en avait pas bu.

- Ferme-là grosse vache !… Et toi ? Pourquoi tu me regardes ?!

La vieille dame affolée s’accrocha à son sac à main et s’éloigna le plus rapidement de ce vulgaire personnage. Le pauvre type ressemblait à un épouvantail oublié dans un champ du Mazambala. Ses cheveux en bataille, son visage marqué par la dureté de la vie dans les rues ne pouvaient que bien s’associer avec sa veste sale et ses chaussures en lambeau. Il s’essuya le nez et la bouche de son revers de manche et continua son chemin dans ce coin fréquenté.

- Cette vieille pouf a failli me faire tomber… A votre bon cœur Messieurs Dames ! … Merci M’sieur !

Les gens – témoins de l’altercation – s’écartaient de son passage, plus effrayés par son attitude brutale que gênés par l’odeur qui se dégageait de cet être vivant. Pourtant, c’était de la colère qui ressortait du visage de ce pauvre homme et non de la haine. Puis, l’attitude d’évitement semblait engendrer du désespoir au plus profond de cet individu.

Il continuait malgré tout à progresser dans cette rue dans la quête d’un gain financier qui pourrait peut être lui permettre de s’offrir une chambre d’hôtel ou au moins manger. Des cas de détresse comme lui s’étaient multipliés ces derniers mois en raison de la léthargie économique. Les gens étaient sollicités sans arrêt par des sans abris. Il arriva près de Max et tendit une masse de tissus informe qui avait dû être un chapeau.

- Un p’tit sou pour ce soir chef ? … Mais dîtes-donc… je vous reconnais, vous n’êtes pas… Aaaaah, comment déjà ? Max Coton ? Ou Dorton ? Non Morton. Max Morton, c’est ça, hein ?

Et sans laisser le temps à Max de répondre, l’homme continua à parler – fort – en approchant son visage de celui de Max.

- J’me disais bien que je vous connaissais. On s’est même croisé plusieurs fois… Vous me remettez pas ? Mais si… Souvenez-vous… Prya ? J’étais le secrétaire de l’autre con.

Il monta volontairement la voix en prononçant ce dernier mot. Puis, toujours, sans laisser Max en placer une, il reprit son monologue.

- Que dis-je le secrétaire ? L’esclave, le souffre douleur, la tête d’Argentorate de cet imbécile de Ruffin. Vous m’remettez là ? Hisson ? Paul Hisson. Hé ouais ! C’est moi. Je fais la manche après l’avoir servi. J’ai même été le secrétaire du Président Bekagne, vous le saviez ? Et voilà où tout ça m’a mené.

Paul parlait comme s’il en mourait d’envie depuis des mois. Il déversait enfin toute sa rancœur. Paul semblait être transporté, libéré par tout ces mots qui s’échappaient de lui. Soudain, il s’arrêta, l’expression de son visage changea. Il affichait un mince petit sourire et regarda Max dans les yeux. Son haleine fétide s’échappait à la fin de ses phrases.

- Après tout, on est un peu ami tout les deux… hein ? Vous n’auriez pas un p’tit bifton à me filer pour... pour le bon vieux temps.

Max fut surpris, l'homme paraissait méconnaissable.
Il vous a viré ? Que vous voulez-vous les divas ont des exigences dit-il en souriant.

Si vous prenez les palmyrs, en voici un peu, Max sorti quelques pièces puis les donna à Paul.
Un conseil au passage la principauté repart, et Tod se lance dans la politique. Il aura peut-être besoin de quelqu'un dans son équipe.

- Dans la politique ?? Lui ? Ruffin ? Ha, ha, ha, ha… Oh, ha, ha, ha… Vous en avez d’bien bonnes vous. Vous êtes un chic type. Non vraiment ? Il se lance dans la politi… Pas possible ! Retourner auprès de ce tortionnaire, de cette ordure, de cette esclavagiste… Non, mais ça va pas !… C'est vrai qui payait bien quand même... Bon, quand il y pensait, mais il payait bien. Ca serait toujours mieux que cette bon sang de vie…

Paul se retourna vers la direction de la vieille dame qui avait disparu depuis bien longtemps, et cria

- … et que de croiser les vieilles raclures du coin !

Il reprit son souffle et ajouta à l’attention de Max.

- Et puis, faut pas que je rate ça : l’autre en politique ! Ha, ha, ha… Oh non ! Faut pas que j’rate ça. Mais… est-ce qu’il va accepter de me reprendre ? Il m’avait viré quand il avait tout foutu en l’air. Mouais, on verra. Vous mériteriez d’être le Président du continent sud… Non tenez, du Micromonde. Aaaah oui, ça vous irait comme un gant. Merci pour tout M’sieur Max. Et bien le bonjour à votre vieille, enfin votre mère.

Paul s’en retourna, en titubant. Il semblait chercher quelque chose dans sa poche. Sa démarche était nonchalante et sinueuse. Il disparut à son tour au coin de la rue.

Les dernières infos du bar continuaient de parler des législatives, tout semblait politiques dans l'atmosphère du moment. Le nouveau mode d'élection accentuait la chose avec la constitution des listes qui faisait apparaître son lot de surprises. Il avait aimé ça, la campagne, batailler, les meetings, être sur le qui vive, répondre à ses adversaires, souvent avec dureté même quand cela n'était pas pertinent.
Il ressenti un éclair d'excitation à la dernière publication des listes

D'ailleurs Max avait eu vent que le MPD allait peut-être repartir. Sans lui, le leader historique et co-fondateur, mais après tout le parti avait résisté au départ de Achille Zavapa et de Charles Dommages, pourquoi ne résisterait-il pas sans lui.
Sur les tracts des différents partis il y avaient des choses intéressantes, Julio restait dans le classique du PCF, après tout ça avait marché par le passé, d'autres proposaient des choses plus audacieuses pour le démocrate qu'il est, seul la construction d'une caserne le fit bondir. Travaillant à l'observatoire de la paix, comment pouvait -on encore tomber à notre époque dans ce piège, toutes les autres nations augmentaient leur arsenal, comme si il n'y avait que cette voix, celle de la peur et des canons, la voix qui tend à chercher à qui à le plus gros canon..

Il aurait fort à faire pour faire changer les nations de point de vue, à ce sujet, mais il restait optimiste sur le sujet.

Il restait un peu plus de deux semaines, cela lui paraissait long, les candidats vont avoir une campagne difficile, cela risque d'être intéressant, malheureusement en campagne le pays est "démobilisé", le calendrier n'était pas efficace de ce point de vue là. M'enfin..

Les infos passaient Paul Hisson à la télé sur les listes du parti monarchiques, s'il avait su il ne lui aurait rien dit et le bonhomme serait dans la rue, il serait surement mieux que sur une liste monarchique pensa t-il en souriant.


-Patron, une autre Spéciale s'il te plait, et remonte le son !

Driiiing Driiiing Drii...

-Allo ?
-...
-Oui très heureux d'avoir de vos nouvelles Melle Meyer.
-...
-En effet une campagne ce n'est jamais facile, et le nombre de liste est conséquent. Pour être franc en retournant à Prya je pensais le MPD mort et enterré. D'autant qu'a l'époque j'ai encouragé la fermeture du parlement du fait de la situation d'urgence d'ou se trouvait Fantispa. Avec la fin des partis je ne pensais pas que ce mouvement perdurerais.
-...
-C'est que je vous comprends, j'ai été à votre place et vous repartez de plus bas que zéro, j'admire votre courage par ailleurs. Mais je n'aurais vraiment pas le temps de m'investir dans une campagne. D'autant que je ne suis plus au fait de la situation à Fantispa et j'ai déja de trop nombreuses activités à Prya que je ne parviens pas à assurer pleinement.
-...
-Ecoutez je vais y réfléchir envoyez moi vos documents et je jetterais un oeil mais à part un acte purement symbolique je n'ai pas grand chose à vous offrir, d'autant que je viens de prendre la présidence de Prya, même si je ne suis qu'un intérimaire ça pourrais passer difficilement.
-...
-je vous l'accorde, j'ai été Fantispais un petit moment en effet, écoutez je dois vous laisser mais envoyez moi tout ce que vous avez je ferais mon possible pour faire un geste.
-...
-Merci au revoir et bon courage pour la campagne, Clara.

Lettre à l'attention de Max Morton

Citation :

Cher Max,

Ce n’est pas un mystère pour personne, j’ai décidé de m’investir dans la vie publique fantispaise. Tu le sais également, j’ai placé en toi depuis bien longtemps une confiance indéfectible. Aujourd’hui, j’ai besoin de quelqu’un comme toi qui possède au demeurant une position suffisamment neutre en Fantispa pour un projet dont nous avons déjà discuté ensemble. Oui, en effet, j’ai décidé – « enfin ! » diras-tu probablement – de mettre en marche ce petit projet qui n’aboutira peut être jamais. Peu importe le résultat auquel il me mènera. Il aura au moins le mérite de nous faire partager de temps à autres un paquet de chips aux algues ou même une Spéciale de Tétaou. Par conséquent, tu trouveras sous pli, la première tranche de ce projet. Je te remercie de ta participation.

Très amicalement et fidèlement
Tod